Docteur Vincent Chassaing

Date de dernière modification de la page : 04/07/2004

 

 

Ces interventions corrigent une déformation du membre inférieur en redressant le tibia ou, plus rarement, le fémur. Elles sont effectuées par section de l'os, redressement puis maintien de cette correction. Il s'agit donc d'une fracture contrôlée qui nécessite d'attendre la consolidation osseuse obtenue par la survenue d'un cal osseux.

 

Pourquoi faire une ostéotomie ?

L'ostéotomie a pour but de traiter certaines arthroses localisées à une partie du genou. Ce sont des usures qui peuvent toucher la partie interne de l'articulation (arthrose fémoro-tibiale interne, la plus fréquente) ou la partie externe (arthrose fémoro-tibiale externe, plus rare). L'ostéotomie en corrigeant l'alignement du membre inférieur permet de rééquilibrer les pressions au niveau du genou en les diminuant au niveau de la zone arthrosique pour les reporter sur la zone saine. L'ostéotomie ne modifie donc pas l'arthrose qui existait et le pincement articulaire persistera. Mais elle a un double objectif :

- soulager les douleurs,

- stabiliser l'arthrose en stoppant l'aggravation du pincement articulaire, ce qui est d'autant plus important que le sujet est plus jeune.

 

En l'absence de traitement, ces arthroses localisées risquent de s'aggraver progressivement, inexorablement.

Une arthrose fémorotibiale interne, par exemple use la zone interne du genou dont l'épaisseur de cartilage diminuera progressivement. La jambe va donc "s'arquer "(en varus), avec déplacement vers cette zone du centre de gravité du genou entraînant une accentuation des pressions à ce niveau et donc une augmentation de l'usure. La zone malade est de plus en plus sollicitée et s'use de plus en plus alors que la partie externe du genou, saine, est de moins en moins utilisée. C'est un véritable cercle vicieux que seul peut rompre le redressement de l'axe de la jambe

Evolution d'une arthrose fémoro-tibiale interne

 

Technique de l'ostéotomie

L'intervention consiste donc à sectionner l'os.

Pour le redresser il est possible d'enlever un coin osseux (ostéotomie de fermeture)

 
Ostéotomie tibiale de fermeture
ou ajouter un cale (ostéotomie d'ouverture), le plus souvent osseuse, par greffe prélevée sur le bassin.
 
Ostéotomie tibiale d'ouverture

Une fois la correction obtenue, les deux fragments osseux sont solidement maintenus par des vis, des agrafes ou une plaque vissée.

Il y a deux sortes d'ostéotomie, qu'elles soient effectuées au niveau du fémur ou du tibia, suivant la déformation d'axe qu'elle corrigent :

- l'ostéotomie de valgisation qui corrige un genu varum,

- et l'ostéotomie de varisation pour corriger un genu valgum.

 

Suites de l'opération et résultats

Il n'y a habituellement pas d'immobilisation du membre inférieur. La rééducation peut être entreprise précocement. Elle est le plus souvent très simple dans la mesure où l'intervention ne porte pas directement sur l'articulation du genou.

Il faut attendre la consolidation osseuse pour obtenir une jambe bien solide. L'utilisation de béquilles est donc nécessaire. Le délai de reprise de la marche avec appui est variable suivant le niveau de l'ostéotomie (tibia ou fémur), sa technique (ouverture ou fermeture), le mode de fixation, allant d'une reprise immédiate de l'appui à un appui différé de 2 ou 3 mois.

Cette intervention permet habituellement de bien soulager les douleurs et d'arrêter l'évolution vers l'aggravation de l'arthrose. Elle ne fait cependant pas repousser le cartilage usé, et ne diminue donc pas l'arthrose existante. Il existe enfin un risque de détérioration ultérieure avec possibilité de reprise de l'évolution de l'arthrose. Mais du temps aura été gagné et il restera alors, si nécessaire, la possibilité de mettre en place une prothèse.

 

 

Indications des ostéotomies

L’indication de cette intervention dépend de plusieurs facteurs :

- l’importance des douleurs et de la déformation,

- l’âge, l’ostéotomie étant d’autant plus utile que le sujet est plus jeune,

- et enfin d’un certains nombre de critères radiologiques qui permettent au chirurgien d’évaluer les chances de succès de cette intervention.