Quels sont les résultats des prothèses du genou ? Quelles en sont les complications possibles ? Quand faut-il mettre en place une prothèse du genou ?
Date de dernière modification de la page : 29/11/2008
Résultats - Complications - Indications des prothèses du genou
  
La 
  qualité actuelle des résultats des prothèses du genou est 
  due à l’avènement des prothèses unicompartimentales et 
  des prothèses à glissement, utilisées maintenant depuis 
  plus de 25 ans, ainsi qu’à une meilleure connaissance de la physiologie 
  de l’articulation du genou. Les résultats des prothèses du genou 
  ont maintenant atteint, et même dépassé ceux des prothèses 
  de hanche qui constituent une véritable référence.
Les résultats fonctionnels sont excellents dans 90% des 
  cas : ils se jugent sur les douleurs, la mobilité 
  du genou et la possibilité d’utilisation du genou, en particulier pour 
  la marche.
Le but premier 
  d’une prothèse est en effet de soulager la douleur, c’est la raison habituelle de la décision de l’opération. 
  Dans 60% des cas on obtient une disparition complète des douleurs, dans 
  30% elles existent, mais de façon épisodique, souvent aux changements 
  de temps, modérées, ne nécessitant aucun traitement antalgique. 
  Enfin dans 10% des cas les douleurs sont un peu plus importantes, pouvant justifier 
  de temps en temps un traitement médical, mais sans qu’il n’existe d’anomalies 
  au niveau de la prothèse.
 
Si 
  la prothèse du genou soulage, elle permet aussi de récupérer 
  une bonne mobilité du genou : les différentes 
  publications montrent une récupération d’une flexion moyenne de 
  l’ordre de 120°, ce chiffre étant un peu supérieur pour les 
  prothèses unicompartimentales. 
Soulagement des douleurs 
  et récupération d’une bonne mobilité permettent la reprise 
  d’une marche normale, sans cannes, et sans limitation de la distance parcourue, 
  avec la possibilité de montée ou descente des escaliers. Ainsi 
  peut-on mener une vie courante normale, et il est même possible de reprendre 
  certaines activités physiques comme la natation, la bicyclette, le golf 
  ... Mais la mise en place d’une prothèse n’a pas pour but la reprise 
  d'activités sportives qui sollicitent trop le genou et qui restent déconseillées 
  pour ne pas compromettre l’avenir de la prothèse.
Les résultats 
  fonctionnels insuffisants (10%), peuvent être 
  dus à une des complications que nous reverrons, mais aussi, en l’absence 
  de complications, à des douleurs persistantes gênante, à 
  une mobilité insuffisante avec une flexion inférieure à 
  90°.
Quels sont 
  les résultats à long terme ? autrement dit, quelle est la durée 
  de vie de ces prothèses ? Le recul actuel 
  de plus de 25 ans, pour les prothèses unicompartimentales et les prothèses 
  à glissement, a confirmé qu’elles pouvaient tenir aussi longtemps. 
  Le risque de détérioration de la prothèse reste cependant 
  proportionnel au temps, et également au poids de l'opéré 
  ; cette détérioration se manifeste habituellement par une usure 
  ou par un descellement, c’est-à-dire par la mobilisation des éléments 
  prothétiques par rapport à l’os sur lequel ils reposent. Des études 
  statistiques (étude de la « survie actuarielle ») montrent 
  qu’au bout de 15 ans, 80% à 90% des prothèses sont toujours en 
  place. Toutes les prothèses ne tiennent donc pas indéfiniment, mais l’économie 
  de la résection osseuse, observée lors de leur mise en place, 
  rend possible un éventuel changement dans de bonnes conditions techniques.
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Toute intervention 
  chirurgicale quelle qu'elle soit comporte un certain risque de complications. 
  Certaines ne sont pas spécifiques au type de l’opération elle-même 
  : ce sont les complications possibles de l’anesthésie, le risque opératoire 
  lié à l’âge ou à l’existence de maladies préexistantes. 
  Un bilan médical préopératoire est bien entendu nécessaire 
  pour mieux évaluer le risque potentiel et tenter de le limiter. 
D’autres complications sont liées à la nature de l’intervention 
  elle-même, et c’est sur celles-ci que nous insisterons. Elles peuvent 
  survenir précocement, au cours de l’opération, dans les premiers 
  jours qui la suivent, ou tardivement des mois ou des années plus tard.
 
 Les complications per-opératoires
Elles sont 
  exceptionnelles, c’est le cas d’une blessure d’une artère importante 
  du membre inférieur (artère poplitée), ou d’un nerf (en 
  particulier le nerf sciatique poplité externe) lors d’interventions difficiles.
Rares sont 
  aussi les difficultés opératoires à l’origine d’une fracture 
  (fémorale ou tibiale) ou d’une rupture ou désinsertion de l’appareil 
  extenseur (tendon rotulien, tendon quadricipital).
 
 Les complications précoces
- elles 
  sont dominées par l’infection. L’infection constitue 
  en effet le risque de toute opération. Au niveau du genou c’est un complication 
  grave, mais il faut souligner son caractère exceptionnel. C’est la surveillance 
  au cours des premières semaines qui suivent l’intervention qui permet 
  de la dépister. Il importe d’identifier le microbe responsable pour mettre 
  en route un traitement antibiotique adapté, qui est essentiel, mais qui 
  ne peut à lui seul apporter la guérison : la survenue d’une infection 
  nécessite en effet une nouvelle intervention pour effectuer un lavage 
  soigneux de toute l’articulation et de la prothèse. C’est à ce 
  prix que l’on obtient habituellement la guérison de cette infection. 
  
- Les autres 
  complications précoces sont représentées par :
- La phlébite : cette formation d’un 
  caillot dans une veine peut parfois se produire en dépit d’un traitement 
  anticoagulant préventif. Cette complication entraîne elle-même 
  un risque de survenue d’une complication qui peut être grave : l’embolie 
  pulmonaire. 
- L'hématome : le traitement anticoagulant 
  est certes utile, mais il peut favoriser la survenue d’une autre complication 
  qu’est l’hématome. Cette collection de sang nécessite dans certains 
  cas une nouvelle intervention pour évacuation.
- Le syndrome neuro-algo-dystrophique est encore plus rare : il se caractérise par une raideur précoce, 
  accompagnée de douleurs et d’oedème. Il peut nécessiter 
  un traitement médical assez long. 
- La raideur du genou peut survenir après 
  toute intervention au niveau du genou, et en particulier après la mise 
  en place d’un prothèse, avec développement d’adhérences 
  dans l’articulation. Les causes de cette raideur sont multiples : douleur post-opératoire, 
  difficultés de la rééducation, inflammation importante 
  du genou, survenue d'un hématome etc ... Une mobilisation sous anesthésie  peut dans certains cas être très utile pour améliorer 
  la mobilité et les douleurs. C’est un geste de très courte durée, 
  qui consiste simplement à plier le genou, ce qui permet de rompre ces 
  adhérences débutantes. La décision d'une mobilisation peut 
  ête prise assez rapidement après l’intervention : il faut en effet 
  la faire avant que les adhérences ne soient devenues trop résistantes. 
  
 
 Les complications secondaires
Elles sont représentées par l’infection, la raideur, et par des complications mécaniques de la prothèse :
- l’infection 
  tardive est également très rare. Il importe de connaître 
  ce risque, car il peut parfois être dû à une contamination 
  de la prothèse par une infection située à distance ( abcès 
  dentaire, infection urinaire, infection intestinale etc...). C’est dire l’importance 
  du traitement rigoureux de toute infection microbienne quelle qu'elle soit, 
  chez un sujet porteur d’une prothèse articulaire : il ne faut pas hésiter 
  à consulter son médecin traitant en lui signalant la présence 
  de la prothèse. Le traitement de ces infections tardives nécessite 
  habituellement de changer la prothèse pour obtenir la guérison. 
  Il est exceptionnel que l’échec de cette reprise conduise à l’arthrodèse 
  (blocage du genou).
- La raideur 
  à distance de l'intervention ne peut plus être traitée par 
  une simple mobilisation sous anesthésie. Si cette raideur est importante 
  et fonctionnellement gênante, il est possible d'envisager une arthrolyse 
  (intervention qui consiste à sectionner les adhérences intra-articulaires 
  à l'origine de la raideur).
- 
  Les complications mécaniques mettent en jeu 
  le fonctionnement de la prothèse, mais peuvent habituellement être 
  traitées efficacement par un changement de prothèse.
- L'instabilité du genou est une 
  complication possible de ces prothèses à glissement dont le fonctionnement 
  repose sur le bon état ligamentaire du genou : il peut s’agir d’une instabilité 
  rotulienne avec une rotule qui 
  se luxe en dehors, ou d’une instabilité entre le fémur et le tibia. 
  
- L'usure. C’est le risque inhérent 
  à toute prothèse : l’utilisation de prothèses avec une 
  plateforme rotatoire semble en avoir diminué la fréquence. Le 
  risque de cette complication, ainsi que de la suivante, est bien sûr fonction 
  de la durée d’utilisation de la prothèse.
- Le 
  descellement. C’est l’apparition d’une mobilité anormale entre la prothèse 
  et l’os au niveau duquel elle est ancrée, à l’origine de douleurs. 
  Cette complication peut survenir avec une prothèse cimentée, mais 
  également avec une prothèse sans ciment pour laquelle c’est la 
  repousse osseuse au niveau de la prothèse qui assure son maintien
- les fractures. Un traumatisme peut 
  être à l’origine d’une fracture du fémur, du tibia ou de 
  la rotule, au contact de la prothèse. Peuvent également exister 
  des fractures de la prothèse elle-même, parfois sans choc, véritables 
  fractures « de fatigue » du matériel. 
 
Cette longue 
  énumération des complications ne doit cependant pas faire oublier 
  leur rareté et la qualité habituelle des résultats obtenus 
  par les prothèses du genou.
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La réponse 
  est simple : quand on a trop mal ! 
Le problème 
  est en effet de savoir quand le traitement médical doit être arrêté 
  et l’intervention décidée. C’est habituellement lors de l’apparition 
  des douleurs que ce traitement médical à été mis 
  en route. Son but essentiel est le soulagement des douleurs, mais il reste sans 
  action directe sur les lésions cartilagineuses : il est donc sans effet 
  sur l’arthrose elle-même dont il ne modifie pas l’évolution.
C’est la 
  douleur qui constitue l’argument fondamental de la décision chirurgicale. 
  Or personne, ni le médecin, ni le chirurgien, ni même la famille 
  et l’entourage, ne peut mieux analyser cette douleur que le patient lui-même 
  ; c’est dire que la décision, certes fruit d’un dialogue avec l’entourage 
  et le médecin, ne peut être prise que par le patient. On conçoit 
  l’importance de l’information médicale dans l’élaboration de cette 
  décision : cette information doit bien sûr indiquer les bons résultats 
  que l’on peut attendre, mais aussi les risques inhérents à cette 
  intervention, qui peuvent être majorés par l’âge ou des antécédents 
  médicaux. Il faut se méfier d’indications opératoires qui 
  seraient prises dans un but uniquement « préventif » : il ne 
  faut pas par exemple décider de faire cette opération par peur 
  d’avoir à la faire à un âge plus avancé. Il ne faut 
  pas non plus opérer précocement par crainte que l’arthrose ne 
  s’aggrave, alors que l’état fonctionnel est encore supportable. Rappelons 
  que la prothèse « remplace » le cartilage abîmé 
  de l’articulation, quelle que soit l’importance des lésions. Aussi l’intervention 
  reste très longtemps possible dans de bonnes conditions de réalisation 
  même si l’usure du cartilage s’aggrave. Il ne faudrait cependant pas laisser 
  évoluer un genou vers une dégradation extrême, avec des 
  déformations importantes qui rendraient alors plus difficile l’opération 
  : si ce risque évolutif existait, une surveillance radiologique du genou 
  permettrait de guider la décision de l’opération.
L'âge 
  est un élément important qui doit moduler la décision opératoire. 
  On a vu que la prothèse du genou avait une durée 
  de vie variable en raison du risque d'usure ou de descellement. Mettre une 
  prothèse à un sujet jeune fait courir le risque d'une détérioration 
  de sa prothèse car, jeune et actif, il va s'en servir longtemps et beaucoup. 
  C'est la raison pour laquelle les chirurgiens, souhaitant éviter une 
  deuxième opération ultérieure qui est toujours plus délicate, 
  déconseillent cette intervention lorsque l'on est trop jeune. Il 
  est donc préférable d'opérer le plus tard possible, en 
  sachant qu'il n'est pas possible de fixer des chiffres d'âges limites 
  dans la mesure où interviennent également l'intensité des 
  douleurs, l'importance de l'arthrose et de la déformation, la cause de 
  l'atteinte articulaire... Enfin, chez un sujet jeune, l'ostéotomie, 
  chaque fois que son indication est bonne, est préférable à 
  la prothèse.
Grâce 
  à ces informations sur les prothèses du genou, il est possible 
  de prendre une éventuelle décision chirurgicale en fonction de 
  son âge, de de l’importance de ses douleurs et de leur retentissement 
  sur la vie quotidienne. Il n’y a aucune raison d’opérer trop tôt 
  si la gêne fonctionnelle ne le nécessite pas. Mais, sachant la 
  qualité des résultats que l’on peut espérer en 2008, il 
  serait dommage, surtout si l'on est âgé, de ne pas profiter d'une 
  prothèse du genou si les douleurs et la déformation du genou sont 
  importantes.
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