LES OSTÉOCHONDROSES DU GENOU

 Vincent Chassaing (chirurgien orthopédiste)

Dominique Lucas (médecin du sport)

Jacques Parier (médecin du sport)

Date de dernière modification de la page : 04/07/2004

Elles représentent une anomalie de l’ossification de l’os, sous le cartilage. Dans un premier temps, la lésion est purement osseuse et susceptible de cicatrisation. Si le sous-sol osseux est le siège de déformations de sa structure au cours de l’évolution, dans un deuxième temps, le cartilage est atteint.

L’ostéochondrite disséquante est une particularité anatomique et radiologique qui se traduit par l’atteinte de l’os situé sous le cartilage, très localisée et évoluant vers la séquestration d’un petit fragment osseux, dont la taille habituellement n’excède pas 2 centimètres. Actuellement, la discussion est ouverte pour déterminer si l’ostéochondrite disséquante est une entité à part entière, qui évoluera quoi qu’il arrive vers la dissection du fragment ostéo-cartilagineux, ou s’il peut s’agir d’une forme clinique évolutive, de l’ostéochondrose.

On ne connaît pas l’origine exacte de cette maladie et plusieurs causes possibles sont avancées :

-         Cause traumatique :

Des micro traumatismes répétés, dus en particulier à une activité physique importante, pourraient favoriser la survenue de l’ostéochondrite.

-         Cause vasculaire :

L’ostéochondrose pourrait être le résultat d’une perturbation localisée de la vascularisation sanguine au  niveau de l’os.
Cette pathologie du genou est en relation directe avec la croissance. Sa survenue et son expression se révèlent habituellement entre 8 et 20 ans.

Les manifestations de l’ostéochondrose

Bon nombre d’ostéochondroses sont certainement méconnues, car indolores. Elles évoluent sans doute, sans aucun signe, vers la guérison. C’est parfois une radiographie simple, prescrite pour une autre pathologie, qui fait alors le diagnostic.

Elles se manifestent cependant, habituellement par des douleurs, des gonflements, une boiterie, de manière plus exceptionnelle par un dérangement intra articulaire, qu’il s’agisse de la palpation d’un corps étranger ou d’un blocage en rapport dans ce cas, avec la libération d’un fragment ostéochondral qui correspond à une ostéochondrite disséquante.

Bien souvent, il existe une limitation des amplitudes, perte de l’extension ou de la flexion complète.

Le diagnostic repose essentiellement sur la radiographique standard. Le bilan doit comporter des radiographies de face, de profil, en axiale à 30°. Un cliché dégageant les condyles, peut être nécessaire, en particulier chez le jeune enfant.

D’autres examens peuvent être utiles, pour mieux préciser la localisation, l’étendue et le stade évolutif de l’ostéochondrose. Il s’agit essentiellement de l’arthroscanner à la recherche d'une interruption de la surface cartilagineuse. L’IRM permet de visualiser de manière précise l’os situé en profondeur. L’arthroscopie n’est pas nécessaire pour le diagnostic, en revanche elle peut être utilisée pour le traitement.

La radiographie permet de suivre l’évolution de cette affection.

Au début, apparaît une petite zone osseuse qui se différencie du reste de l’os par une modification de sa densité, un aspect irrégulier, c’est le stade I.

Lors du stade II, le fragment osseux semble s’isoler, il s’entoure d’une limite plus claire.

Lors du stade III, le liseré plus clair s’élargit et le fragment osseux devient plus foncé

Le stade IV est défini par la dissection complète du fragment ostéochondral qui va alors tomber dans l’articulation, devenant un véritable corps étranger.

Cette évolution radiologique en quatre stades, peut cependant s’interrompre à chacun des différents stades.

La localisation de l’ostéochondrose, au niveau du genou est variable. Le plus souvent, elle atteint le condyle interne du fémur, plus rarement le condyle externe, la rotule ou la trochlée. Cette ostéochondrose se développe toujours au contact du cartilage articulaire

Le traitement

Il est fonction de plusieurs paramètres.

Il faut tout d’abord localiser la lésion, pour savoir si elle est en zone porteuse ou non. Il faut ensuite établir l’aspect de maturation de l’os et du stade lésionnel, envisager le potentiel évolutif de cicatrisation. La comparaison entre l’âge osseux et l’âge réel, doit être pris en compte.

 

Le traitement non chirurgical

Suivant les critères cliniques et radiologiques, on peut utiliser une simple restriction des activités sportives et on tiendra compte du sport incriminé : nécessité d’une mise en charge complète du poids du corps, pivot, flexion importante…

Une décharge partielle peut être nécessaire pendant une durée de plusieurs mois. L’immobilisation par une genouillère peut être prescrite chez les enfants turbulents, d’autant que la lésion se trouve en zone portante.

Traitement chirurgical

Plusieurs techniques chirurgicales peuvent être utilisées :

L'ablation du fragment osseux.

 Sous arthroscopie il est possible de finir de le détacher de sa  "niche" ou, s'il est libre dans l'articulation, d'effectuer l'extraction du corps étranger. Il s'agit d'une intervention peu agressive aux suites immédiates simples et rapides. Mais elle laisse le défect osseux au niveau du condyle avec le risque ultérieur de survenue d'une usure du cartilage restant et donc d'arthrose. Ce risque paraît d'autant plus important que l'ostéochondrite est étendue en surface, qu'elle est située en zone portante et qu'elle touche le condyle externe.

Les perforations

 Sous arthroscopie sont pratiquées de multiples perforations avec une petite mèche qui traverse le fragment d'ostéochondrite puis l'os sain qui l'entoure. Le but est d'obtenir une vascularisation de l'ostéochondrite à partir de l'os périphérique. Cette technique est essentiellement indiquée chez l'adolescent, après échec du traitement médical, à condition que le fragment d'ostéochondrite soit resté en place dans sa niche.

La fixation

 Elle consiste à fixer le fragment à sa place avec une ou plusieurs vis. Les échecs possibles sont dus à la non consolidation ou à la survenue d'une nécrose osseuse.

La greffe de cartilage

Elle consiste à prélever des petits morceaux d'os et de cartilage à un endroit du genou où ce prélèvement n'a pas de conséquences et les mettre en place au niveau de la niche de l'ostéochondrite, d'où le nom de "mosaïc plastie" donné à l'une de ces techniques. C'est une intervention aux suites longues, empêchant la marche avec appui durant la consolidation des petites greffes. C'est une technique récente, dont les résultats à long terme ne sont pas encore connus.

 

La greffe de chondrocytes

Elle est encore du domaine expérimental : elle consiste à cultiver des cellules cartilagineuse du sujet (chondrocytes) puis à les mettre en place au niveau de l'ostéochondrite.

Telle est l'ostéochondrite du genou, affection le plus souvent bénigne, en particulier chez l'enfant et l'adolescent, mais qui chez l'adulte pose des problèmes de traitement qui ne sont pas complètement résolus.

 

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