Chirurgie du ligament croisé antérieur :

suites opératoires - complications - résultats

Vincent Chassaing

Date de dernière modification de la page : 17/05/2006

Suites opératoires

___Les suites après une intervention de reconstruction du ligament croisé antérieur, restent variables suivant le type exact de l'intervention et surtout suivant les habitudes du chirurgien orthopédiste. Ces informations générales demandent donc à être confrontées à l'avis de chaque praticien.

L'immobilisation après l'intervention est variable, allant de l'absence totale d'immobilisation à l'utilisation d'attelles ou de genouillères. Si un ménisque a été suturé au cours de l'intervention, l'immobilisation est nécessaire.

La reprise de la marche avec appui est habituellement assez précoce, dans les jours qui suivent l'opération, avec souvent utilisation de 2 cannes pendant quelques semaines.

L'hospitalisation varie de 24 heures à une semaine.

Une consultation post-opératoire a habituellement lieu quelques semaines après l'intervention. Mais il ne faut surtout pas hésiter à appeler la clinique ou l'hôpital, ou à s'y présenter, si les suites de l'intervention étaient anormales : douleurs ou gonflement important, fièvre, écoulement par la cicatrice etc...

La rééducation débute le plus souvent rapidement après l'opération. Elle est détaillée sur le site votrekinesi.com. Elle peut se faire dans un centre spécialisé de rééducation (pendant 3 à 4 semaines) ou avec son kinésithérapeute près de son domicile. Un protocole de rééducation peut être fourni par le chirurgien pour guider cette rééducation en tenant compte de la technique opératoire utilisée. La durée de cette rééducation est de l'ordre de deux mois. Dans certains cas, en particulier chez les sportifs de compétition, un renforcement musculaire peut être utile vers le sixième mois.

La reprise d'activités physiques n'entraînant pas des mouvements de torsion au niveau du genou est possible assez rapidement : c'est en particulier le cas de la bicyclette et de la natation qui participent à la rééducation dès les premières semaines. Le footing peut être repris vers le 3ème, 4ème mois. En revanche les autres sports, qui risquent de trop solliciter le nouveau ligament par les mouvements de torsion au niveau du genou qu'ils entraînent, ne peuvent pas être repris avant le 6-8ème mois post-opératoire. La greffe subit en effet une évolution, avec fragilisation durant les premiers mois qui suivent son implantation, suivie d'une cicatrisation et parallèlement d'une récupération de sa solidité.

 

Complications de la chirurgie ligamentaire du genou

___Malgré les progrès actuels de la chirurgie du genou, le risque de complications existe. Toute opération, si bénigne soit-elle et quelles que soient les précautions prises, implique un risque qui va de la complication minime à la complication majeure, y compris le décès. Le fait d'informer ne les rend pas plus fréquentes, mais le fait de ne pas les mentionner ne les fait pas disparaître... Lors de toute consultation médicale, il ne faut pas hésiter à poser la question de ces complications à laquelle le chirurgien doit pouvoir répondre clairement. La chirurgie du genou est une chirurgie fonctionnelle et non vitale. La décision d'une intervention appartient essentiellement au patient, guidé par l'information qui lui est donnée sur les résultats et les risques encourus.

L'énumération - obligatoirement incomplète - et la description de ces complications ne doit pas faire oublier leur rareté et leur bénignité habituelle dans ce type de chirurgie.

1/ Les complications pendant l'opération

Elles sont exceptionnelles : c'est le cas d'une blessure d'une artère importante du membre inférieur (artère poplitée), ou d'un nerf (en particulier le nerf sciatique poplité externe).

2/ Les complications à la suite de l'intervention

___La douleur Les douleurs, dans les jours qui suivent un KJ, et surtout un DIDT, sont le plus souvent absentes, ou restent habituellement tout à fait tolérables. L'amélioration des techniques chirurgicales (utilisation de l'arthroscopie, peu ou pas d'immobilisation post-opératoire, reprise précoce de la marche avec appui ...) a rendu en effet cette intervention peu agressive. De plus, l'évolution des mentalités des médecins, et en particulier des chirurgiens qui autrefois ne se préoccupaient pas beaucoup de ce problème, permet une meilleure prise en charge de la douleur. L'existence de douleurs importantes doit faire rechercher la survenue éventuelle d'une complication, en particulier d'un hématome.

___Les hématomes. Toute intervention peut entraîner un saignement, que favorise aussi un traitement anticoagulant souvent nécessaire. L'hématome se traduit habituellement par l'apparition de taches (ecchymoses) colorées en bleu, puis en vert et en jaune, sensibles, qui disparaissent spontanément en quelques semaines. Parfois le volume de sang qui s'accumule dans le genou devient trop important, ce qui entraîne des douleurs et un gonflement (hémarthrose). Une nouvelle intervention pour évacuer les caillots peut alors devenir nécessaire.

___L'infection. L'infection constitue le risque de toute opération. Au niveau du genou c'est un complication rare, mais grave. La surveillance au cours des premières semaines qui suivent l'intervention permet de la dépister devant la survenue de douleurs, de fièvre, d'un gonflement du genou, d'un écoulement au niveau de la cicatrice. Il importe d'identifier le microbe responsable pour mettre en route un traitement antibiotique adapté. Une nouvelle intervention pour effectuer un lavage soigneux de toute l'articulation est le plus souvent nécessaire. C'est à ce prix que l'on obtient habituellement la guérison de cette infection.

___La phlébite : c'est la formation d'un caillot dans une veine, qui peut parfois se produire en dépit d'un traitement anticoagulant préventif. Cette complication entraîne elle-même un risque de survenue d'une complication qui peut être grave : l'embolie pulmonaire.

___L'algodystrophie se caractérise par la survenue d'une inflammation importante de tout le membre inférieur, à l'origine d'une raideur précoce, de douleurs et d'oedème. C'est une complication imprévisible d'autant que les causes de cette complications sont inconnues. On a seulement observé qu'elle survenait plus souvent chez des personnes inquiètes. Un traitement médical adapté est nécessaire, associé à une rééducation extrêmement prudente pour ne pas aggraver les réactions inflammatoires du genou. L'évolution vers la guérison est souvent longue (plusieurs mois ou même plusieurs annnées). Ce syndrome algo-dystrophique peut parfois laisser des séquelles à type de raideur ou de douleurs. Pour plus d'informations sur l'algodystrophie, lire un témoignage paru dans Le Monde.

___La raideur C'est un risque pour toute intervention sur le genou. Elle se traduit par une limitation de la flexion ou/et de l'extension du genou. Elle est le plus souvent due à des adhérences qui se forment à l'intérieur de l'articulation. Elle peut nécessiter une éventuelle mobilisation sous anesthésie ou plus tard une " arthrolyse " (libération des adhérences, intervention qui peut être effectuée sous arthroscopie). Le "syndrome du cyclope", qui entraîne un limitation de l'extension du genou, est une complication très particulière de cette chirurgie ligamentaire.

c___Les complications cutanées. La cicatrice peut rester douloureuse, peut s'accompagner de zones d'anesthésie ou au contraire de zones douloureuses à côté d'elle (névrome).

___Telles sont les principales complications du DIDT. Leurs conséquences sont rarement graves, et exceptionnellement dramatiques (arthrose, blocage du genou ou amputation). La plupart guérissent sans séquelles et ne sont responsables que d'inconvénients mineurs et de courte durée.

Résultats de la chirurgie

___Grâce aux progrès réalisés ces dernières années dans le traitement chirurgical de la rupture du ligament croisé antérieur, on est en droit d'espérer un excellent résultat dans 90% des cas, avec un genou bien stable, mobile et souple permettant la reprise de tous les sports. Malheureusement un tel résultat ne peut être garanti à l'avance à 100% et le risque de résultat incomplet reste possible. Un résultat insuffisant peut avoir plusieurs raisons :

- échec de l'intervention lorsqu'elle ne réussit pas à atteindre son but : récidive de l'instabilité du genou, par rupture ou détente du ligament réparé,

- survenue ultérieure d'arthrose : ce risque existe surtout lorsqu'il existait avant l'intervention une instabilité importante, évoluant depuis longtemps, avec des lésions associées en particulier méniscales ou cartilagineuses,

- survenue de complications, que nous avons décrites, et qui peuvent venir limiter le résultat obtenu.

___Cette longue énumération des risques ou des insuffisances de la chirurgie ne doit pas faire oublier que la réparation chirurgicale du ligament croisé antérieur est une intervention aux suites habituellement remarquablement simples et qui atteint dans la grande majorité des cas son but : récupérer un genou bien stable permettant la reprise de toutes les activité sportives.

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